Qui suis-je ?

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Pas de photo d’un bébé nu sur une peau de mouton (quelle chance, mes parents m’ont épargné ce genre d’exercice). Pas plus de galerie de portrait de mon enfance ou des miens.

Je vous propose plutôt quelques instantanés, des moments de mon expérience personnelle et dans les rangs des Verts.

mai 1968

Je regarde Daniel Cohn Bendit, Dany le Rouge, à la télé, dans les auditoires de la Sorbonne, et en tête des manifs du boulevard St Michel à Paris. J’étais loin de me douter que nos chemins se croiseraient au sein des Verts.

Après un parcours scolaire sans éclats mais qui me laisse plein de bon souvenirs, je fréquente assidument le cercle des étudiants étrangers à Leuven, ce qui me vaut de ne pas pousser plus loin une première candidature en psychologie.

A Schaerbeek, les amis, la vie en communauté orientent mon énergie débordante pour des causes justes : le droit de vote des étrangers, la résistance au Nolsisme, la dépénalisation de l’avortement.

Avec Olivier Deleuze, Wilfried Bervoets et tant d’autres.

On refait le monde chaque soir au café Le Tigre. Je marche dans les pas de l’écologie politique qui fait son entrée au Parlement. J’entame des études d’infirmière que je complèterai plus tard d’une licence en politique économique et sociale.

Septembre 1980

Chacun à leur tour, mes trois enfants entrent dans ma vie. Du bonheur…

Et un boulot dans l’enseignement professionnel à Cureghem. Dans une école dite de la dernière chance, qui était la mienne, ma chance : des élèves difficiles et turbulents, mais des gens bien comme Musta Largo, Nordin Jbari, mais aussi Fatima, Saïda, Mina, Malika, Youssef, Kasmi… Ils ont tous la quarantaine aujourd’hui. Parfaitement « intégrés » et depuis belle lurette,alors qu’ils étaient dénigrés. Je les croise de temps à autre avec toujours autant de plaisir.

Mai 1991

Je passe le pas et m’en vais travailler pour le groupe des élus verts au Conseil de la Région de Bruxelles Capitale avec Marie Nagy, Evelyne Huytebroeck, André Drouart et les autres. Première expérience, coté jardin, du travail parlementaire dans une institution où tout est à faire, à affirmer, à réaliser. Je n’y resterai que deux ans pour rejoindre ensuite Jacky Morael à la direction d’Ecolo.

juin 1994

Alors que je démarre un mandat de 4 ans à la direction d’Ecolo avec Jacky Morael, je termine (ouf…) une licence à la FOPES et mon mémoire porte sur la question, saugrenue à l’époque, de l’identité bruxelloise..

été 1997

J’accompagne à Kigali et à Butare Pierre Jonckheer et Vera Dua d’Agalev, sénateurs siégeant dans la commission d’enquête sur le Rwanda. Loin des documents et des salles feutrées du Sénat, les rencontres, échanges et cérémonies sont des réservoirs d’émotion et d’enseignement. Quatre ans après le génocide, la peur et la douleur se lisent sur tous les visages. Ces images sont à jamais dans ma tête.

Christophe Derenneet quelques autres nous suggèrent une aventure passionnante, celles des Etats Généraux de l’Ecologie Politique. Ecolo ouvre portes et fenêtres et plante plus largement son alternative dans un paysage politique quelque peu essoufflé.

Octobre 1998

Les rues de Bruxelles sont blanches de monde, un monde silencieux et recueilli, respectueux mais indigné. La Marche Blanche exprime la solidarité et le refus. J’y suis parmi des centaines de milliers d’autres et comme tout le monde, au-delà de l’émotion, il m’est difficile de mesurer l’ampleur de l’onde de choc du drame et de la faillite du monde policier et judiciaire que la commission d’enquête parlementaire révélera publiquement. Merci Vincent pour cet immense travail, même si nous avons pris par la suite d’autres chemins, mais parallèles. Merci Gino, Carine, tous les parents pour ce que vous êtes. Merci Carine d’être venue bien plus tard faire quelques pas politiques avec nous.

juin 1999

Ecolo gagne les élections et contre toute attente (ou plus exactement en dépit des accords violets prévus), l’arc-en-ciel voit le jour. Olivier Deleuze et moi montons rue de la Loi, Jean-Marc Nollet et Nicole Maréchal à la Communauté, José Daras et Thierry Detienne à la Région Wallonne et Hans Niessen à la Communauté germanophone. Une nouvelle page s’écrit. Elle sera porteuse d’avancées incontestables.

11 septembre 2001

Alors que je peaufine la préparation de la Présidence belge du Conseil Européen Transports, c’est dans le bureau du Secrétaire d’Etat américain aux transports que j’assiste en direct aux attentats de New York et ensuite de Washington. Je réalise que l’histoire du monde et de l’Europe prend un tournant dont il ne m’est alors pas possible d’entrevoir les conséquences.

décembre 2001

Olivier Deleuze, au terme d’innombrables réunions de préparation aux quatre coins du monde, aboutit avec l’aide de la commissaire européenne à l’environnement, à sauver in extrémis le protocole de Kyoto. L’administration Bush s’enferme dans son autisme économique. La Russie refuse de ratifier. Mais un pas important est franchi.Dans l’indifférence générale, et avec la précieuse contribution de Michel Rocard, j’aboutis au nom du Conseil des ministres européens à un accord avec le Parlement européen et la Commission sur le temps de travail des chauffeurs routiers. Le social, c’est toujours pour après. On libéralise et dérégule d’abord et dans le meilleur des cas, on voit ensuite quelles sont les conséquences pour les travailleurs, leur santé, notre sécurité. C’est ça aussi l’Europe sociale.

Mai 2003

La législature « arc-en-ciel » se termine, durement. Le verdict électoral tombe, tout aussi durement. Le choc est dur. Mon compère Deleuze part pour Nairobi pour le PNUE. J’écris « A ciel ouvert » pour raconter, dire, faire le point, pour pouvoir repartir. Ce sera difficile, mais pas question de lacher la barre.

septembre 2003

Les contours de l’état palestinien dessinés aux barbelés se bétonnent : la construction du mur de la honte se poursuit inexorablement, réduisant encore les espoirs de paix pour ces deux peuples, ces deux Etats. C’est pourtant l’unique voie possible et elle doit continuer de mobiliser inlassablement les démocrates. Comme le dit si justement Abraham Burg, et tous ceux qui en Israël et ailleurs ne quitteront pas le camp de la paix.

janvier 2004

Le forum social mondial de Bombay rassemble des centaines de milliers d’altermondialistes. Echanges, débats, contacts, expériences. L’Asie n’est pas en reste dans cet immense laboratoire mondial. Les victimes de la catastrophe de Bophal demandent toujours justice et réparation pour les maladies dont sont aujourd’hui victimes leurs enfants. Les chantiers indiens de démolition de vieux pétroliers contaminent les hommes, le sol et la mer. Les revendications pour transformer l’exploitation inhumaine de ces travailleurs en conditions de travail décentes sont pourtant assez malvenues : ici aussi, la menace de délocalisation pèse : au Bengladesh ou ailleurs, on sera encore moins regardant…Il en sera de même 5 ansplus tard, au FSM de Belem au Brésil, où les indigènes nous feront une spectaculaire leçon de biodiversité…

20 février 2004

Le parti Vert Européen prend son envol à Rome, dans la salle où fut signé le traité du même nom. Tout un symbole…et une page nouvelle, encore une pour les Verts. Un fameux travail de construction politique commune s’engage.

1er mai 2004

Varsovie, Vilnius, Taline, Budapest et les autres nous rejoignent. Mes rencontres avec Geremek, Mischnik, Vaclav Havel, avec des étudiants et des jeunes de là-bas m’ont convaincue de la nécessité de cette étape historique. Evidemment, on aurait du améliorer l’outil européen avant de l’élargir. Mais on l’a décidé et on le fait. Vraiment. L’élargissement est une opportunité pour l’Europe tant du point de vue culturel qu’économique. Alors devant les peurs et les résistances sociales, c’est trop facile de présenter cet élargissement ici, à Liège, Charleroi ou Molenbeek, comme une menace. Je ne veux pas être complice d’une attitude frileuse qui aboutit à braquer les travailleurs des Etats Membres les uns contre les autres, à entretenir la méfiance et le repli. Mais cela va coûter de la solidarité, des moyens, des contributions, des investissements pour une croissance qualitative qui peut bénéficier à tous.

Juillet 2004

Evelyne devient ministre bruxelloise de l’environnement et de l’énergie dans un gouvernement « olivier ». Super challenge qu’elle relèvera avec brio, mois après mois. Je vais rejoindre Jean-Michel Javaux à la direction d’Ecolo. Lui aussi, mois après mois, en comptant avec moi mais aussi et surtout sur ses qualités propres, fera sa place et sa notoriété, jusqu’à Amay dont il deviendra le bourgmestre.

octobre 2006

Les élections communales à Schaerbeek donnent lieu à une campagne difficile mais intéressante. Très peu de votes blancs ou de non votants. Dans les familles et les soirées citoyennes ou tupperware, on discute beaucoup. La « greffe Onkelinx » prend mal. Certains partagent leurs votes au sein d’une même famille : monsieur votera Clerfayt, madame ecolo. Les résultats tombent. Ils sont clairs : le bourgmestre est le grand gagnant. L’accord préelectoral signé 2 ans auparavant n’étant pas applicable, nous déciderons à Ecolo Schaerbeek de ne pas l’appliquer. Les vagues seront fortes mais Schaerbeek en a vu d’autres. Moi aussi !

10 juin 2007

Les élections législatives les plus déterminantes pour Ecolo se soldent par un résultat à 2 chiffres. Une moyenne d’environ 13%, doublement du nombre d’élus au Parlement fédéral. Pour ma part, je recueille 108.105 voix sur la liste du Sénat. Carine Russo qui nous a rejoint sur les listes et Jacky Morael, lui aussi de retour à la dernière place en font chacun la moitié. Inespéré. Notre pari à Jean-Mi et moi de redresser le parti est réussi. Une longue crise politique et communautaire suivra cette élection. Un gouvernement mal fichu et chaotique en sortira, épuisé avant de commencer et avant d’affronter les conséquences brutales et douloureuses d’une crise financière, énergétique, climatique, économique…

P.S.: Vous pouvez aussi me retrouver sur facebook ;-)

A bientôt donc et au plaisir de vous lire…