L’aggravation de la situation sécuritaire et de la violation des droits humains depuis l’élection contestée de Pierre Nkurunziza (exécutions sommaires, attaques de camps militaires, arrestations d’opposants, fuite de dizaines de milliers de personnes dans les pays voisins, à savoir le Rwanda, la Tanzanie et la RDC) justifie amplement le recours aux dispositions de l’article 42 de la charte des Nations unies, c’est-à-dire le recours à des moyens militaires pour « le maintien ou le rétablissement de la paix et de la sécurité internationales ». Il n’est même pas besoin d’invoquer un « risque de génocide » (qui, selon moi, est à ce stade limité) pour une intervention onusienne.
Certes, dans les faits le déploiement de casques bleus des N.U. est le plus souvent demandé aussi par l’État menacé. Mais cela n’enlève rien à la prérogative d’un tel déploiement qui appartient en définitive au Conseil de Sécurité. Dans le cas du Burundi, un tel déploiement a été une des options présentées il y a une semaine par le Secrétaire général des Nations unies lequel a toutefois proposé de s’en tenir pour le moment à l’envoi d’une petite équipe d’observateurs auprès de son envoyé spécial. L’attaque, le week-end dernier, de trois camps militaires par des hommes armés non identifiés et le massacre d’une centaine de civils qui a suivi pourraient changer la donne. Reste à savoir quelles seront les positions chinoises et russes, pays avec lesquels le régime actuellement en place et diplomatiquement isolé s’efforce de flirter.
Si d’aucuns voulaient utiliser l’argument du coût, notons que le déploiement de casques bleus comme force de protection ne nécessite pas nécessairement un budget élevé. D’abord parce que les « incidents » se déroulent dans un périmètre limité, celui de la capitale surtout, ainsi que celui des provinces de Cibitoke et de Bubanza au nord, de la province rurale de Bujumbura au sud. Ces endroits représentent au total une superficie plus ou moins égale à celle de la province de Luxembourg.
Ensuite, et ceci a été mis en avant à l’ONU, la MONUSCO, qui a déployé plus de la moitié de ses casques bleus au Kivu (11.000 hommes), dispose de bases situées dans la province du Sud-Kivu, c’est-à-dire juste en face de Bujumbura. Sans compter, la brigade d’intervention de 3.000 hommes (sud-africains, tanzaniens et malawites) qui se trouve aussi au Kivu et qui a un mandat offensif.
Enfin, et une fois de plus, on devra regretter l’absence de l’Union européenne qui dispose pourtant d’un « battle group » (force d’intervention rapide) de 1.500 hommes, en principe prêts à intervenir dans les 48 heures sur des théâtres d’intervention lointains. Quatre occasions ont été manquées (RDC, RCA, Libye et Mali) et celle-ci sera la suivante, alors même que l’Eurocorps existe bel et bien à Strasbourg, je l’ai visité ! (Voir : http://www.bruxelles2.eu/2015/05/15/des-tres-chers-battlegroups-inutilisables/)
Oui, Isabelle! Il y a urgence! Le 4 novembre déjà j’avais posté un article qui annonçait un génocide potentiel! Le CNCD, ITEKA, des journalistes, … tous préviennent, mais rien ne bouge depuis que le président a brigué un 3ème mandat pourtant interdit par la Constitution! Qu’attend-on ??? Arriverons-nous pour compter les cadavres ???