Monsieur le Ministre-Président,
Votre déclaration reprend dans de nombreux passages le caractère international de notre Région qui est lié à son statut particulier mais aussi au fait que les Bruxelloises et les Bruxellois sont d’une multitude d’origines, confessions et convictions. C’est une réalité qui compte particulièrement pour mon groupe, pour nos élus communaux inlassablement engagés dans cette interculturalité bruxelloise, et à laquelle nous sommes très attachés.
Cette vocation internationale, nous en sommes convaincus, constitue à la fois une incroyable opportunité pour notre Région, mais, plus encore, une responsabilité essentielle, et ce dans bien des domaines. Je reviendrai sur chacun d’eux dans les mois à venir.
Et c’est sur cet aspect de notre responsabilité que je voudrais insister aujourd’hui, en ce début de législature à propos d’une actualité récente, douloureuse et insupportable pour toute la communauté internationale et pour tant de bruxellois, de toutes origines et convictions.
L’acte terroriste antisémite survenu à quelques centaines de mètres d’ici, la veille des élections est ignoble. Il a suscité une immense émotion, indignation et compassion chez tous nos concitoyens. A cette occasion, Bruxelles est devenue tristement capitale, a reçu les soutiens de dirigeants du monde entier et doit s’engager dans une lutte sans merci contre ces formes insoutenables de violence dirigée vers une communauté en raison même de son identité.
Vous l’avez dit dans votre discours : « notre Région ne peut en aucun cas tolérer sur son territoire de quelconques expressions de racisme, d’islamophobie, d’antisémitisme ou de xénophobie ». Nous adhérons évidemment sans réserve et cela nous appelle tous, tous les élus, à nos responsabilités et à une vigilance de tous les instants.
Depuis quelques semaines, c’est plus loin de chez nous mais avec autant d’émotion que la communauté internationale est le témoin d’une guerre qui coûte des centaines de vies de civils. Une communauté internationale, dont nous sommes une part, petite certes mais très importante et symbolique, qui ne peut rester muette.
Parmi bien d’autres expressions dignes et fortes d’intellectuels, artistes, acteurs sociaux ou simples citoyens engagés, David Grossman, écrivain et essayiste israélien disait « les souffrances nourrissent la haine et l’injustice mine les espoirs de paix ». J’aimerais ajouter que notre silence et notre passivité y contribueraient aussi.
Bien sûr, nous devons garder une certaine modestie. Mais dans un monde dont les dynamiques politiques, économiques et sociales, réelles et virtuelles sont en permanence interconnectées et interdépendantes, toutes les entités politiques démocratiques sont concernées.
Elles le sont d’abord dans leurs compétences formelles respectives.
Ce n’est pas aujourd’hui qu’il nous faut faire le débat ou décider ce qu’il nous revient de faire en matière de commerce, d’accord d’association, d’importation des produits des colonies illégales. Croyez bien que nous y veillerons, aussi difficile mais essentiel que sera cet exercice politique en ces temps profondément troublés susceptibles de nourrir tous les extrémismes et dynamiques meurtrières, ici et ailleurs.
Toutes les entités politiques et démocratiques sont aussi responsables dans leurs expressions, leurs prises de position. Elles doivent être capables de dénoncer et de condamner, par tous les moyens appropriés et chaque fois que c’est nécessaire, la politique d’un gouvernement, d’une Région, d’une autorité, a fortiori s’il s’agit d’une entité avec laquelle nous estimons devoir avoir des relations économiques, diplomatiques et politiques. A fortiori vis-à-vis de crises tout aussi terribles comme c’est le cas en Syrie, dont l’interminable cortège de souffrances et de crimes fait naître de folles et meurtrières vocations, ici, à Bruxelles.
Il nous semble donc dans ce sens que notre Région doit, en lien avec la cruelle actualité, condamner la politique menée par l’Etat d’Israël dans les territoires occupés, en contradiction avec le droit international et soutenir toutes les initiatives nationales, européennes et internationales pour obtenir des parties un cessé le feu dans la bande de Gaza, l’application du droit international humanitaire et mettre fin au massacre en cours.
Car si les actions citoyennes ont tout leur sens, c’est aussi et évidemment ici, dans nos Parlements et gouvernements, que nous avons à prendre notre part, par une parole publique pour la construction de la paix là-bas, pour la dénonciation et la lutte contre toutes les formes d’extrémismes et pour le respect de tous ici.
Si j’ai parlé comme écologiste, avec le même discours que celui que nous portons à d’autres niveaux y compris européen, je n’oublie pas l’esprit qui m’a animée inlassablement ces 5 dernières années sur ces sujets : s’indigner mais rassembler, dénoncer mais construire du dialogue.
Ce n’est pas parce que nous sommes à Bruxelles que nous en sommes dispensés.
Mme Durant,
Bonjours,
Aujourd’hui, je vous admire pour votre prise de position courageuse.
Certes, vous risquez de vous faire frapper sur les doigts et ça vous le savez mieux que moi, car il n’est pas toujours possible de dire tout ce que l’on veut, même s’il s’agit d’une justice, malheureusement et pas que dans notre pays.
Mais je pense qu’il est temps, par dessus tout, d’avoir une éthique moral véridique qui pousse à agir, quitte à en perde des plumes.
Ce qui importe, c’est d’être vrai, juste, debout par tout temps et pour toujours. c’est votre mémoire d’aujourd’hui et de demain, envers vous, les vôtres et les autres.
excusez-moi pour les fautes d’orthographe.
mes salutations les plus fraternel
Esat Biran
Madame Durant,
Merci.