L’horreur syrienne : un document accablant sur les prisons du régime El Assad

Ce mercredi 13 mars, à mon invitation, le Professeur David Crane, premier Procureur du Tribunal Spécial pour l’ex-Yougoslavie et la Sierra Leone accompagné de courageux syriens qui ont permis la collecte et la mise en sécurité des images et informations, présentait le rapport dont il est l’auteur avec deux autres  anciens procureurs des mêmes tribunaux, concernant le torture de masse et les exécutions dans les prisons syriennes.

Ils ont examiné et validé les quelques 5000 photographies et documents concernant plus de 11.000 victimes, établis par les autorités syriennes sur les décès dans les prisons syriennes entre mars 2011 et août 2013.

On ne nous en a projeté qu’une dizaine, glaçantes, horribles, de même nature que celles connues de l’holocauste : corps mutilés, ayant été attachés ou battus, électrocutés, corps décharnés, visages émaciés dont les yeux ont été arrachés…

La source de ces documents, nommée  » Caesar », est un membre de la police militaire qui a déserté son poste et a été ensuite exfiltré avec une vingtaine de membres de sa famille avant la publication du rapport. Il devait photographier les détenus morts dont les corps avaient étéensuite transférés dans un hôpital militaire. Accompagné d’un medecin et d’un représentant de la justice, il en photographiait jusqu’à 50 par jour. Cette procédure bureaucratique attesté de la systématicité de l’opération et avait pour but de à la fois de confirmer que l’exécution avait eu lieu et d’établir un certificat de décès sans présenter les corps a la famille auxquelles on parlait de problèmes cardiaques ou respiratoires.

Certains ont contesté ce rapport, car sa réalisation a été financée par un grand cabinet d’avocats privés londoniens pour le compte du Quatar. Les autres s’en défendent en disant que la procédure via les Nations Unies auraient été si longue et incertaine que le risque existait de voir se perdre ces traces et preuves. En effet, la Commission des Nations Unies dispose de très peu de prérogatives en matière de recherche et d’enquête.  Et contrairement aux enquêtes a posteriori concernant l’assassinat du Président libanais Hariri ou l’attentat de Lockerbie, ici, on ne peut perdre de temps. Une fois terminé, le rapport a en outre été rendu public et transmis aux Nations Unies.

David Crane répondra a nos questions sur les suites à donner pour que ce rapport puisse servir dans une procédure judiciaire jugeant les crimes contre l’humanité commis en Syrie. IIl évoquera les possibilités pour lui au nombre de 4 : une Cour syrienne, une internationalisation d’une Cour Syrienne, une Cour régionale (États Arabes) ou la Cour Pénale Internationale. Il privilégiera toutefois l’idée d’une Cour Syrienne, soutenue par l’AG des Nations Unies qui devrait en formuler, politiquement, la demande.

La solution militaire en Syrie n’est pas (plus…) souhaitable. La solution politique est bouchée. Il ne reste à court terme que la voie des poursuites judiciaires, en particulier avant les élections-bidons prévues pour juin 2014 et qui permettront, si rien n’est entrepris d’ici-là, de laisser Bachar El Assad (et ses alliés) gagner une nouvelle manche.

 Il faut que ce document circule pour faire bouger les lignes. D’urgence !

 

Un article dans La Libre : Syrie Véro Leblanc LLB

 

La conférence à Strasbourg :

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La manif de ce jeudi à Flagey :

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