28 août 2013 | Face au risque d’embrasement généralisé du Proche-Orient qu’une intervention militaire fait peser et puisque la possibilité existe qu’à un moment ou à un autre, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France fassent appel à leurs alliés de l’OTAN, et donc la Belgique pour les soutenir dans ce projet, ECOLO demande, avec Groen, que se réunisse d’urgence, cette semaine encore, une Commission mixte de la Chambre et du Sénat des Affaires étrangères et de la Défense. Les cheffes de groupe Ecolo à la Chambre et au Sénat Muriel Gerkens et Zakia Khattabi ont adressé un courrier à leur président d’assemblée en ce sens ce matin.
A ce stade-ci de la crise syrienne, il est primordial que le Gouvernement puisse partager avec le Parlement les informations dont il dispose et que le Parlement puisse assumer son rôle politique via un véritable débat sur une question de démocratie essentielle. .
Ecolo se veut très prudent au sujet de cette intervention militaire vraisemblablement envisagée à court terme par les gouvernements américain, britannique et français. Si les éléments de preuve de l’usage d’armes chimiques par l’armée syrienne existent, et fondent leur décision à mener une attaque ciblée, ceux-ci doivent être partagés avec les inspecteurs de l’ONU actuellement en mission sur place ou devant le Conseil de sécurité de l’ONU et donc devant l’opinion publique internationale.
Depuis deux ans, toutes les tentatives de soutien à une opposition syrienne, certes divisée, ou de solutions politiques de ce conflit ont malheureusement échoué. ECOLO dénonce à ce titre le rôle particulièrement néfaste joué par la Russie qui ne se contente pas d’opprimer son peuple en adoptant des lois liberticides et contraignantes envers ses minorités : elle soutient politiquement et militairement le régime sanguinaire et violent de Bachar Al Assad. Le soutien par le Qatar et l’Arabie saoudite des groupes jihadistes (souvent étrangers), celui du Hezbollah à l’armée syrienne, ne fait qu’aggraver une situation déjà catastrophique.
Si l’inaction et les atermoiements de la Communauté internationale, vécus depuis de si longs mois, n’ont pas empêché la mort violente de plusieurs centaines de milliers de Syriens, et si toute la région est déstabilisée par le nombre croissant de réfugiés aux frontières, le lancement de bombes – fût-il ciblé – n’apportera en soi ni la sécurité, ni la démocratie ni l’état de droit.
Les exemples afghans et irakiens, tout en s’inscrivant dans un contexte complètement différent, doivent faire réfléchir les trois pays favorables à une intervention militaire sur les conséquences désastreuses que peut avoir une intervention pour laquelle une stratégie de sortie n’a pas été préalablement préparée, tant du point de vue politique qu’humanitaire. Avec ou sans frappes, c’est par le dialogue politique et des pressions diplomatiques fortes que cette crise pourra enfin trouver une issue. Et ce dialogue politique ne peut se faire qu’avec la société syrienne, plurielle.
Muriel Gerkens
Zakia Khattabi
Isabelle Durant
Benoit Hellings