La troïka veille en effet aux finances de la Grèce depuis 2008. Elle donne des objectifs plus ou moins précis afin de réduire le déficit public du pays. En échange de nouveaux prêts, les créanciers auraient réclamé le renvoi de 15.000 fonctionnaires, dont 4.000 d’ici la fin de l’année et 2.000 d’ici fin juin. Avec la fermeture d’ERT -les chaînes publiques grecques- qui emploie 2.700 personnes, le gouvernement aurait ainsi atteint son objectif. C’est du moins ce que pensent les syndicats grecs.

De son côté la Commission européenne a affirmé que ni elle, ni la troïka n’étaient au courant de la décision du gouvernement grec.

Isabelle Durant : « Les irresponsables c’est la troïka »

Tout en soulignant n’avoir pas d’éléments concrets permettant d’assurer que la troïka a exigé la fermeture d’ERT, Isabelle Durant, eurodéputée et vice-présidente du Parlement européen et a déclaré au micro de La Première que les « irresponsables sont la troïka » qui met la pression sur le gouvernement grec.

« Je ne suis pas certaine et en tout cas surtout pas de cette façon-là que la Commission ait demandé de fermer la télévision publique. Par contre, la Commission et l’ensemble de la troïka préconisent des privatisations tous azimuts qui ont d’ailleurs commencé dans le secteur de l’eau, de l’énergie et maintenant de la télévision. Je trouve insupportable que la troïka dise ‘nous ne sommes pas responsables. C’est une décision du gouvernement grec’. Les instances européennes doivent tout faire pour rétablir la télévision grecque ».

Et de préconiser le démantèlement de la troïka. « Je pense que la troïka doit être démantelée, ces gens sont complètement hors sol, hors réalité. Qui rend des comptes là-dedans ? Le FMI n’en rend pas, la BCE s’occupe des aspects financiers et bancaires et pour le reste la Commission, elle avance avec ses soi-disant remèdes miraculeux. Mais qui lui donne un mandat ? Qui la contrôle ? », a déclaré Isabelle Durant.

L’eurodéputée Ecolo appelle à remplacer la troïka par une institution plus démocratique : « Le processus de la troïka doit être démantelé et mettre à la place un processus de pilotage qui soit démocratiquement contrôlé pour assurer le suivi des réformes nécessaires. Même le FMI ‘a avoué’ qu’il avait commis des erreurs dans un rapport d’évaluation sur le plan de sauvetage de la Grèce. Je pense que la Commission ne peut pas s’en tirer en disant c’est une décision du gouvernement grec. Tout doit être fait pour rétablir cette télévision et permettre ensuite d’avoir une autre manière sans troïka mais avec d’autres instruments, des procédures plus démocratiques, plus contrôlées sur ce qui doit être fait en Grèce ».

Les programmes d’austérité imposés à la Grèce, au Portugal, à l’Irlande et à Chypre ont été approuvés, en contrepartie de très importants prêts, par les ministres des Finances de la zone euro. Leur mise en oeuvre est supervisée par la troïka. Même si les représentants de celle-ci sont parfois entendus au Parlement européen, la politique menée n’a jamais été soumise au vote des députés.