Dans la série de l’Europe au terrain, il n’y a qu’un pas : du Programme européen d’aide aux plus démunis à la banque alimentaire Bruxelles Brabant

Rien ne remplace une visite de terrain. La visite commence à la banque alimentaire de Bxl-Brabant, une des 9 existantes, le pendant de celle visitée  à Charleroi il y a quelques mois. Aujourd’hui, Evelyne Huytebroeck, la ministre régionale, Anne Herscovici, députée, et moi-même sommes reçu pas trois bénévoles de la Banque alimentaire Bruxelles-Brabant. Malgré son caractère volontaire, l’organisation est très professionnelle. Elle est approvisionnée grâce aux  produits européens issus du PEAD à 57%, mais aussi via des dons et surplus de l’industrie et de la grande distribution. Par exemple 900 tonnes par an proviennent de la grande distribution, 120 tonnes des criées, 580 tonnes de l’industrie.

Consciente des changements annoncés au niveau européen,  la banque a anticipé et diversifié ses sources d’approvisionnement, vers des produits non alimentaires. Mais l’inquiétude sur les montants qui seront finalement alloués sur base de la décision à venir du Conseil (le Parlement européen a déjà pris la sienne sur les montants) et sur les changements en matière de bénéficiaires monte. Et on parle de 500 millions par an, ce qui au regard du budget européen est minime…

La visite se poursuit à l’épicerie sociale Amphora, à Molenbeek. Bénéficiaire de certains produits alimentaires, elle met aussi en vente  des produits (achetés à prix pleins dans des grandes surfaces) à des prix symboliques. Les personnes bénéficiaires sont des personnes endettées. L’objectif de cette épicerie est d’être inclusive et de permettre à ces personnes de réapprendre à gérer leur dette et leur équilibre diététique de manière autonome. L’épicerie est ainsi complémentaire à d’autres associations, qui par exemple donnent gratuitement des colis alimentaires. Environ 120 ménages surendettés à Molenbeek fréquentent l’épicerie Amphora, et sont accompagnés socialement en lien avec le CPAS et les services sociaux auprès desquels, crise oblige, le nombre de demandes explosent.

Après présentation du projet, des objectifs et des bénéficiaires, s’engage la discussion sur la façon de gérer au niveau belge le nouveau modèle européen une fois qu’il sera décidé. On passera en effet d’un programme inscrit dans le budget agricole (avec un lien direct entre les États membres et ce Programme via le ministère de l’agriculture ou ce qu’il en reste au niveau fédéral)  à un Fonds inscrit dans le Fonds Social Européen qui sera attribué aux Régions. Un fonds qui risque bien de perdre quelques millions d’euros, quelques plumes et de se voir en charge de nouvelles missions,  au passage. Ça a l’air un peu technique mais dans les faits, il y a intérêt à préparer l’atterrissage si on ne veut pas que les associations bénéficiaires, déjà sous-financées, ne se voient imposer un parcours infernal de coordination pour avoir accès aux moyens et pour éviter une nouvelle couche au millefeuille de l’aide sociale à Bruxelles.

On finira l’échange sur une note verte : comment dans ce nouvel aménagement de l’aide alimentaire, en profiter pour développer l’accès à des produits de (meilleure) qualité, et qui sont produits à proximité ? Comment aider et encadrer les personnes surendettées à gérer leur budget alimentation non seulement d’un point de vue quantitatif mais aussi qualitatif ? Comment intégrer des producteurs dans le circuit ? Faut-il aller vers une logique de « chèques alimentation qualité » ? De la matière en vue pour les acteurs de terrain dans le cadre de ces changements européens.

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