Les producteurs de lait sont une nouvelle fois réunis à Bruxelles pour manifester leur colère face aux instances européennes. Nul ne peut ignorer nos 80.000 agriculteurs belges ni sous-estimer l’impact de la réforme de la PAC sur les 25.000 emplois directs de l’agriculture wallonne. Pour ECOLO, il incombe au pouvoir politique – qu’il soit européen, fédéral ou régional – d’engager au-delà des discours incantatoires des mesures concrètes pour une production laitière d’avenir en Europe et couvre tout le territoire. Comme l’affirme le « European Milk Board », l’association européenne des producteurs de lait, il est ici question de « valeurs de dimensions sociales telles que la sécurité d’approvisionnement, la qualité des aliments, la durabilité, la souveraineté alimentaire et la préservation d’un espace rural vivace ».
Le marché européen est soumis depuis l’automne 2008 à une pression considérable due à la présence d’importants volumes de lait. L’offre dépassant de loin la demande, cette surabondance sur le marché a entraîné une chute des prix laitiers sans précédent conduisant à un abandon massif de la production laitière par les exploitations et à la perte de structures régionales d’approvisionnement.
Face à cette crise du lait bien connue, il faut donc agir politiquement pour donner avenir à notre secteur laitier. Les écologistes plaident en ce sens aux différents niveaux de pouvoir:
Au niveau régional wallon : il est nécessaire de soutenir les agriculteurs concernés et le développement de filières courtes de transformation et de commercialisation des produits laitiers, afin que les producteurs retrouvent une maîtrise des marchés et que les consommateurs bénéficient de produits de qualité et de proximité. Ces mesures sont possibles notamment par :
le soutien à la production laitière liée à l’herbe, moins dépendante des marchés internationaux et positive pour les écosystèmes régionaux ;
la mise en place des mesures agro-environnementales qui renforcent les capacités des écosystèmes dans les zones de production laitière ;
la mise en œuvre de labels de qualité qui valoriseraient la production et la transformation locale et aideraient le consommateur à faire son choix en connaissance de cause ;
la formation des acteurs aux circuits courts (vente directe) ;
des campagnes de sensibilisation grand public aux produits locaux et de qualité.
Au niveau fédéral : les travaux de l’observatoire fédéral des prix doivent être étendus aux produits dérivés faits à base de lait ou de beurre et le rôle de l’observatoire doit être renforcé auprès de la distribution pour éviter le dumping pratiqué par certains distributeurs.
Au niveau européen : il faut mettre en place un observatoire des prix qui permettrait d’augmenter ou de diminuer l’offre en fonction de la demande au niveau européen pour que le prix reste raisonnable et rémunérateur pour les producteurs. Les Ministres fédéral et régional de l’agriculture doivent être à l’initiative de cette proposition par ailleurs portée par le Groupement laitier belge et l’European Milk Board.
Au niveau international : la Belgique et l’Europe doivent plaider pour une révision des règles de l’Organisation mondiale du Commerce qui limitent strictement les choix nationaux en matière de politique agricole et alimentaire, notamment pour permettre une relocalisation de la production agricole, essentielle à la souveraineté alimentaire des États.
Isabelle DURANT,
Députée européenne
Thérèse SNOY,
Députée fédérale
Monika DETHIER-NEUMANN,
Députée régionale