Moi aussi j’ai mal à l’action des pouvoirs publics face à cette nouvelle situation d’urgence pour ces familles Rom’s, mais aussi pour toutes les autres personnes dont on n’entend pas parler et qui sont isolées dans différents lieux de Bruxelles ou d’ailleurs.
Depuis une semaine (leur installation dans la gare), nous (le CPAS particulièrement mais aussi la commune) multiplions les réunions, les recherches de solution sur le terrain local (recherche de locaux salubres, encadrement, assistance) avec tous les acteurs, en y ayant associé, mais oui Monsieur Mayeur, des représentants de Bruxelles Ville car la rivalité entre communes sur le dos de ces personnes est non seulement stérile mais indigne. En même temps que nous avons développé le contact avec ces familles, les prévenant du fait que l’occupation de la gare ne pourrait être que provisoire.
Pour faire simple, le problème est double : il tient à la fois à la situation des personnes et aux capacités d’accueil et de prise en charge de la commune.
Pour ce qui est des personnes (que ce soit celles qui sont là aujourd’hui, celles qui étaient là l’hiver dernier et incontestablement celles qui arriveront dans les mois à venir si rien ne change dans la répartition des responsabilités au niveau fédéral) sans entrer dans le cas par cas, beaucoup d’entre eux sont dans des situations qui ne leur ouvrent que peu ou pas de droits (européens en séjour touristique de 3 mois ne demandant pas l’asile) et leur prise en charge requiert une approche très particulière et assez lourde pour établir une ébauche de droit à la prise en charge sociale.
D’autre part, le CPAS de Schaerbeek qui a vu le nombre de demandeurs d’aide tripler ces dernières années, concentre une multitude de problèmes et demandes : par exemple, les logements de transit crées sur l’insistance des Verts sont évidemment complets, les capacités d’accueil ou d’assistance du CPAS sont limitées (en dehors du service de repas et de la collaboration avec des associations locales) alors que les demandeurs d’asile non accueillis par Fedasil ou renvoyés vers les CPAS après que leur demande ait été jugée recevable sont en augmentation.
Ce n’est pas de la commune de Schaerbeek seule (ou à son CPAS) que peut venir la solution. Il faut une solidarité des communes bruxelloises et plus largement des communes belges. Le plan de répartition que nous appelons de nos voeux depuis longtemps et pour lequel nous intervenons sans cesse au Parlement fédéral doit être décidé.
Car nous le savons, accepter l’état de fait de l’occupation de la gare ou de tout autre lieu non prévu à cette fin, comme ce fut le cas à Íxelles la semaine dernière, aboutira immanquablement à attirer d’autres personnes ou familles dans la détresse à y chercher refuge dans des conditions complètement inadaptées et dès lors à dédouaner les autres communes et les autres niveaux de pouvoir de leur responsabilité, alors que c’est dans coopération et la répartition des responsabilités qu’on identifiera des solutions plus dignes.
Par ailleurs, à l’échelle européenne, sachez que le groupe des Verts est incontestablement le plus actif sur cette question, y compris avec le parti européen des rom’s contre « l’apartheid » qui est un état de fait dans les pays d’origine de ces personnes.
J’imagine que ces réponses ne vous satisfont que très partiellement. Il en est de même pour moi. Mais il est important que le contexte soit tracé pour comprendre ce qui préoccupe en particulier notre Présidente du CPAS qui ne ménage pas ses efforts pour tenter d’améliorer les capacités d’aide de son institution. Je veux croire que cette nouvelle situation dramatique pousse à ce que chacun prenne sa part au niveau politique, d’urgence.
Isabelle Durant
Conseillère communale à Schaerbeek