Clermont Ferrand, 38 degrés : les allusions au réchauffement climatique vont bon train aux Journées d’Eté d’Europe Ecologie Les Verts. A l’image de nos Rencontres d’Eté qui se dérouleront le w-e prochain à Massembre, ateliers et plénières se succèdent, militants, élus et coopérateurs se croisent, débattent. La buvette du site aux gobelets consignés est débordée par la demande : la Brasserie du Parc, juste en face, fait bar plein, non stop.
Ce samedi, après-midi de clôture, voyait se succéder deux panels à la tribune de la plénière, dans un gymnase surchauffé. Le mouvement répété des éventails, dossiers, badges et autres objets permettant de s’éventer brisent la torpeur de l’assemblée.
Sur le podium, nous sommes quelques uns à présenter nos points de vue sur le contenu d’une 6è République. Un terme qui pour nous belges, signifie tout simplement « renouveau politique et démocratique ». Un thème sur lequel nous avons été et sommes toujours très actifs : décumul, statut de l’élu, mode de scrutin, interpellation citoyenne, etc…mais aussi décentralisation, régionalisation ce qui dans un pays jacobin comme la France reste encore pour beaucoup d’élites politiques traditionnelles un tabou.
Il était amusant qu’en tant que belge, je sois invitée à parler institutionnel ! Et tout aussi amusant de mesurer comment les français qualifient leur système : un millefeuille aux innombrables élus dont les tâches s’entrecoupent, se recouvrent, font double emploi ou concurrence, le tout sans vraie autonomie dans un régime hyperprésidentiel…Je dis cela pour tous ceux qui font de la complexité belge une sorte de lamentation permanente.
J’ai plaidé la combinaison des niveaux de pouvoir, la nécessité d’impliquer élus, société civile, partenaires sociaux, citoyens pas seulement dans la proximité qui-serait-tellement-plus-proche-et-facile-à-comprendre mais sur les mêmes thèmes à chacun des niveaux. Oui, l’épuration des eaux est à la fois un dossier local et régional, national et européen. Les directives trouvent leur traduction dans les textes régionaux et leur application dans les contrats négociés avec les multinationales du secteur, avec les déboires que l’on sait quand ont se rappelle le conflit avec Aquiris sur l’arrêt de la station d’épuration-nord à Bruxelles suite à un contrat mal négocié…
J’ai aussi attiré leur attention sur ce qui nous occupe particulièrement dans les interminables négociations fédérales : la loi spéciale de financement car pas de régionalisation efficace sans peréquation et règles de financement qui intègrent les spécificités et disparités de revenus entre les régions et le pouvoir central.
Et puis, c’est au tour de Noel Mamère de chauffer encore un peu la salle en attendant celle que des dizaines de caméras traquent : la candidate aux présidentielles, ma collègue Eva Joly.
Il parlera de son accent, de sa double origine comme la meilleure manière d’être la candidate de tous les français, de toutes origines. Il réduira en miettes les stupides critiques sur la juge qui ferait de la justice et pas de la politique, sur son accent.
Il invitera avant elle à la tribune le jeune ministre norvégien de l’intégration sociale dont je serais incapable de reprendre le nom, et qui parlera avec force et sobriété de la réaction courageuse du peuple et du gouvernement norvégien suite à la tragédie du 22 juillet. Solidarité, démocratie, renforcement du respect de la diversité, lutte contre les discriminations (et cela même si la Norvège est déjà l’un des pays les moins discriminant au monde…)
L’atmosphère est torride, le soutien à la candidate est massif : « Eva gagner » scande-t-on dans toutes les travées.
Et Eva arrive, avec sa démarche de souris, son style inimitable, son élégance et sa petite voix fluette. Elle a chaud, comme nous tous. Son émotion est perceptible…et pour cause. Mais sa détermination tout autant. Et quand elle parle de « l’outrecuidance de François Fillon sur sa bi-nationalité » ou « que les écologistes n’ont pas vocation à ratisser les voix pour les socialistes », la salle applaudit à tout rompre. Elle évoque évidemment la lutte contre la crise, les dérives de la financiarisation, les printemps arabes et la Syrie, la situation sociale, la nécessité d’Europe, les soldats tombés en Afghanistan, la 6è république et bien sûr la sortie du nucléaire. Pas de participation verte à un gouvernement sans transition énergétique et plan de sortie, c’est clair.
Et quand elle en appelle au soutien de Nicolas Hulot, disant que EELV ont besoin de lui, les applaudissements redoublent.
Une belle personne, un bel engagement.
Et même si Dany Cohn Bendit a bien raison de poser les débats suivants (les législatives, l’accord avec les socialistes pour avoir un vrai groupe à l’Assemblée Nationale), une chose à la fois. Les militants ont refusé de bouder leur plaisir et à raison, ont choisi de célébrer et soutenir leur candidate, de se prendre à rêver en scandant « Eva Présidente » !
Allez, c’est parti pour 8 mois intensifs pour la dame verte aux lunettes rouges…