Apparu sur le devant de la scène dès les années 1970, le parti francophone belge Ecolo a été rapidement associé à tous les niveaux de pouvoir – ainsi qu’aux infructueuses négociations qui déchirent le royaume depuis plus d’un an. Isabelle Durant, actuellement eurodéputée, l’a codirigé et a été vice-premier ministre et ministre des communications du gouvernement fédéral, aux côtés de responsables libéraux et socialistes.
Comme la plupart de ses collègues de parti, elle avoue qu’elle aurait eu » une légère préférence » pour Nicolas Hulot. Parce qu’il lui apparaissait comme » le mieux à même de réaliser le défi auquel sont confrontés tous les partis écologistes : élargir leur électorat de « niche » et recruter au-delà de leur vivier naturel, trop étroit « .
» Les Verts français n’ont pas vocation à livrer le prochain président, mais ils peuvent défendre un vrai projet et peser sur la prochaine législature. » Mme Durant estime qu’Eva Joly, sa collègue au sein du groupe des Verts européens, » belle personne, passionnante, rigoureuse « , est capable d’atteindre, elle aussi, cet objectif. » Avec Daniel Cohn-Bendit et José Bové, elle faisait partie de la « dream team » qui a assuré le succès d’EE-LV aux européennes ; elle peut être complémentaire de Nicolas Hulot et ouvrir le parti. «
Alors qu’elle est issue du sérail écolo-environnemental, l’élue belge défend une ouverture à des » personnalités « . Et s’autorise un conseil à ses voisins français : » le succès d’Ecolo l’a obligé à accepter l’idée de cohabitation, y compris avec des partis libéraux, ce qui sidère toujours certains de nos amis français. Nous avons également appris qu’il existe bien des conservatismes à gauche. » Entre les lignes, l’ancienne vice-première ministre souligne la difficulté, pour les Verts, de régler la question de leur rapport au pouvoir. » Nous n’avons pas, quant à nous, perdu notre âme. Il faut admettre que l’on ne réalisera jamais la totalité de son programme… «
A l’époque, Dominique Voynet est souvent venue discourir en Belgique sur l’expérience de la gauche » plurielle » et s’informer sur les leçons qu’Ecolo tirait de son passage au sommet du pouvoir. » A propos du nucléaire, de la productivité, de la notion d’égalité, de la transition vers une société durable, nous avons constaté que la gauche socialiste était souvent capable de belles paroles, et seulement de cela… « , sourit Mme Durant.
Son espoir ? Qu’après la présidentielle, EE-LV dispose d’un groupe parlementaire capable de s’ancrer dans une majorité de gauche. Et d’influer vraiment.
Jean-Pierre Stroobants