UE/Maroc : ne pas confondre amitié et dialogue

Pourquoi je ne ferai pas partie du groupe d’amitié Union Européenne-Maroc qui se met en place aujourd’hui au PE, à l’initiative d’un député socialiste français.

Il est pourtant incontestable que les relations entre le Maroc et l’UE doivent s’intensifier, plus encore depuis l’annonce d’un referendum sur un projet de constitution largement soutenu sauf par le mouvement du 20 février. Ce n’est pas le lieu ici de l’analyser, de pointer ses apports et ses insuffisances, ou encore de stigmatiser ceux qui le soutiennent et ceux qui le boycottent. Là, on est sur le contenu. Mais justement, ce contenu implique de choisir les bonnes formes pour dialoguer.

Nous y sommes donc : un « groupe d’amitié » constitue-t-il, dans le contexte d’aujourd’hui, une forme adéquate ?  Je pense que non.

Bien des membres du PE, et surtout les francophones, entretiennent des relations d’amitié avec bon nombre de marocains de toutes obédiences politiques ou philosophiques, engagés dans toutes sortes de domaines dans leur pays ou encore avec des citoyens d’origine marocaine vivant à Bruxelles, Anvers, Paris ou Marseille et qui s’emploient à soigner les relations entre les deux rives de la Méditerranée.

C’est heureux et terriblement précieux.

Mais nous parlons ici d’une relation entre élus, entre institutions et à ce titre il me semble qu’on parle de tout autre chose. Ce qui peut être utile, à côté des lieux formels  –  qui entre nous n’ont pas toujours évité des difficultés de compréhension dans les prises de position ou les décisions, de part et d’autres  –  ce serait la mise en place d’un réseau de dialogue Maroc-UE. Et particulièrement dans le contexte mouvant et intéressant que connait toute la région depuis ce printemps. Le Maroc, bien que dans une situation très différente de ses voisins, n’échappe pas à ce bouillonnement démocratique et les exigences qu’il porte. Et c’est tant mieux car le Maroc a besoin de réformes comme de pain, de lutte contre la corruption, de liberté totale pour la presse, etc. Pour mieux en parler, ce n’est pas d’amitié qu’il devrait être question, mais de la multiplication des approches et des interlocuteurs, gouvernementaux, de toute l’opposition démocratique, de la société civile dans toute sa diversité, du monde des médias, des syndicats, des mouvements de femmes, etc…

Il aurait donc été plus opportun, et surtout plus efficace pour agir et réagir, de privilégier  une formule de réseautage entre les participants à un tel groupe  (élus européens, élus marocains, partis politiques, acteurs de la société civile) plutôt qu’un groupe formel avec ses lourdeurs et ses honneurs, ses présidents et vice-présidents.