Farines animales : la Commission européenne remet son doigt dans l’engrenage

COMMUNIQUÉ DE PRESSE – Bruxelles, le 9 juin 2011

Alors que l’UE est à nouveau plongée dans une crise épidémique dont il faudra tirer des leçons en matière de coordination, de communication et d’outils européens, la Commission s’apprêterait à revenir en arrière sur une décision prise au lendemain d’une autre crise, et non des moindres, celle de la vache folle.


Photo (c) Reporters/Eureka Slide

La Commission européenne planche en effet actuellement sur une levée de l’interdiction des farines animales pour l’alimentation des non ruminants comme les porcs, les volailles ou le poisson.

Rouvrir le dossier des farines animales moins de dix ans après la crise de la vache folle, qui a décimé 190.000 bovins et infecté près de 200 personnes, nous semble dangereux et plus inopportun que jamais.

 

Les partisans d’une levée de l’interdiction avancent qu’un retour partiel aux farines animales permettrait au monde agricole d’économiser 4 à 5% sur le budget nourriture des cheptels. Une considération purement économique donc, qui prendrait le dessus sur des précautions élémentaires en matière de sécurité alimentaire.

Cela démontre surtout que le système de production animal intensif est confronté à ses limites. Le retour des farines animales illustrerait l’absurdité d’une agriculture non durable, dépendante à l’excès des importations de protéines végétales.

Aujourd’hui, l’ensemble des productions européennes riches en protéines végétales (pois, colza…) ne couvrent que 24 % des besoins des élevages. Pour alléger les frais des éleveurs, l’Europe devrait avant tout soutenir l’élevage lié au sol (donc en pâturage) et produire elle-même les protéines complémentaires pour ses élevages. Il faut notamment oser remettre en cause les accords de Blair-House signés en 1992, par lesquels l’Europe a accepté de limiter son soutien aux cultures de protéine végétale et s’est engagée à importer du soja américain sans droits de douane.

Autrement dit, c’est à un changement fondamental d’organisation du système agricole et à la réorientation de l’élevage que l’Europe doit s’attaquer au lieu de sacrifier une partie de notre sécurité alimentaire pour pallier aux disfonctionnement d’un modèle agricole intensif.