Trois questions à…
IsabelleDurant Vice-présidente (Ecolo) du Parlement européen
Le Parlement semble décidé à aller jusqu’au bout. Qu’est-ce qu’il ne peut absolument pas lâcher?
Il ne peut pas renoncer à l’ouverture d’une discussion qui associe les trois institutions européennes et les Parlements nationaux -que l’on appelle cela « Convention », parce que cela n’a pas trop mal marché, ou autrement- sur le cadre financier futur de l’UE et les ressources propres. Il faut un format, un cadre de travail et un calendrier. Nous devons absolument parler des ressources propres, qui étaient d’ailleurs au coeur du projet des Pères fondateurs. On a dévoyé le système pendant des années et aujourd’hui, on se rend compte que l’on arrive aux limites, puisque ceux qui sont contributeurs nets ne veulent plus payer. Le Parlement ne fait rien d’autre que d’utiliser les compétences qui sont les siennes et que le traité de Lisbonne lui donne.
Comment expliquez-vous l’attitude des Etats membres?
Je ne comprends pas pourquoi le Conseil n’arrive pas à accepter l’idée d’ouvrir une discussion sur les ressources propres, qui sont un avantage pour les Etats membres. Avec des ressources propres, on pourrait diminuer les contributions nationales. Je ne vois que des explications d’euroscepticisme ou d’antifédéralisme européen. Les Néerlandais et les Britanniques distillent cette petite musique selon laquelle le Parlement européen jetterait l’argent par les fenêtres. Ce qui est faux. Comme l’a rappelé le président Barroso, le budget européen est un budget dans lequel il n’y a jamais de déficit. C’est aussi un budget d’investissement et de soutien à la croissance. Refuser de faire cet accord, c’est donner un droit de veto définitif à la Grande-Bretagne et aux Pays-Bas sur les moyens de l’UE. Ce n’est pas acceptable.
Quelles seraient les conséquences des douzièmes provisoires?
Ce ne serait pas un drame. L’UE ne s’écroulera pas s’il y a un mois ou deux de douzièmes provisoires sur les crédits d’engagement. On ne va pas engager en un mois ou deux tout le budget de l’UE. Concernant le service européen d’action extérieure, on en parle depuis deux ans, on peut patienter quelques mois de plus. Sur Iter, je ne suis évidemment pas triste.
OLIVIER GOSSET
© 2010 L’Echo-Actualités (2008)