Mesdames, Messieurs,
Chers amis de Wallonie et de Bruxelles,
Chers invités,
Fêter des institutions au moment où elles sont en plein questionnement est un exercice pour le moins particulier. Mais cet exercice a en tous cas un mérite : celui de permettre à cette éminente assemblée une petite pause, une petite pause pour porter notre regard au-delà de nos frontières, qu’elles soient linguistiques, administratives, géographiques ou politiques.
En effet, de Wallonie-Bruxelles à l’Europe, il n’y a qu’un pas qu’à l’occasion de la présidence belge de l’Union Européenne, je vous invite à franchir.
Il est d’autant plus utile de le franchir quand on est en plein questionnement institutionnel, dont on ne voit pas -encore- clairement l’issue. Il est alors du plus haut intérêt de sortir du cadre, d’élargir ses horizons pour mieux comprendre ce qui nous ressemble et ce qui nous rassemble, ou pour comprendre qu’il n’est pas nécessaire de se ressembler pour qu’il soit utile de se rassembler.
Il est vrai que pour certains, consacrer une bonne partie de son temps à la décision politique européenne signifierait soit l’exil, soit, pire encore, avoir fait vœu de chasteté politique. Pourtant, au Caprice des Dieux comme au Juste Lipse, il n’y a pas une décision prise qui ne soit en rapport avec la réalité vécue en Wallonie et à Bruxelles, comme dans n’importe quelle autre région en Europe.
Ainsi, sur le terrain social, l’onde de choc de continue de secouer un peu partout en Europe. Le tribut est parfois très lourd : beaucoup l’ont payé de leur emploi ou des perspectives qu’ils en attendaient.
Après demain, répondant à l’appel des syndicats européens, c’est dans les rues de Bruxelles que des dizaines de milliers de voix de citoyens européens, de travailleurs, de personnes sans emploi ou qui craignent de le perdre feront entendre leurs inquiétudes et leur colère, leurs propositions et leurs attentes.
Sans doute en marge de cette manifestation entendrons-nous ici ou là l’affirmation rituelle que tout cela « c’est la faute à l’Europe », Alors qu’on le sait bien, c’est surtout la faute de ceux qui refusent de regarder dans les yeux les institutions européennes, et qui, au lieu d’expliquer qu’ils ont perdu un rapport de force à l’échelle du Conseil des ministres ou du Parlement, préfèrent fustiger l’institution elle-même.
Si l’analyse politique du bien fondé des orientations et directives européennes peut bien sûr différer, il serait bon que les chantres de la subsidiarité à tout crin observent d’autres évolutions inquiétantes.
De l’Italie du Nord à la Hongrie, des Pays-Bas à la Suède il y a tout juste une semaine, la percée des extrêmes, la montée des replis identitaires nationaux ou régionaux gagnent en puissance. Le plus souvent ces mouvements, leurs leaders et certains de leurs électeurs flirtent dangereusement avec le populisme, le refus de solidarité, la peur de l’autre. Ces replis qui flattent les ressorts humains les moins sympathiques, les plus faciles à activer sur le terrain politique, sonnent en réalité comme autant d’aveux d’impuissance.
En pleine turbulence institutionnelle, dans une Europe qui se cherche, c’est paradoxalement à la Belgique qu’il revient avant la fin de l’année de tirer le meilleur parti, la meilleure substance d’un traité qui a pris ses racines ici, à Laeken, en 2001 pour être signé à Lisbonne le 13 décembre 2007. Vous savez, à l’échelle européenne, ce sont les villes hôtes du Conseil et non les saints du calendrier qui donnent leur nom aux grands accords institutionnels. Un traité de Lisbonne donc, qui après avoir été âprement négocié, a vécu le pire et le meilleur dans toute la période de son approbation et de sa ratification dans les 27 Etats membres.
Et paradoxe encore, alors que son image n’a jamais été aussi altérée sur le terrain extérieur, la Belgique en panne n’y arrive pas si mal…
Les turbulences intra-belges ont cela de bon qu’elles donnent du temps aux ministres fédéraux pour se consacrer à la recherche de compromis avec leurs 26 autres collègues. Mais je vous rassure : la Communauté Française Wallonie-Bruxelles n’est pas en reste dans ses activités sur le terrain de cette présidence. Cela se voit, et s’entend.
Bien heureusement d’ailleurs. Car présidence ou pas, si on est partisan d’une Europe plus fédérale (on dit toujours en Belgique qu’il y a un grand consensus sur le sujet… sans doute que oui puisqu’on en parle si peu…) si on est partisan d’une Europe qui en fait plus sur les terrains de la lutte contre le dumping social, contre les paradis fiscaux, contre le changement climatique, pour une vraie politique de l’efficience énergétique, pour un salaire minimum garanti, pour une défense européenne, et tous ces terrains où la politique nationale ou régionale montre ses limites, alors on a besoin comme de pain d’activistes de l’identité culturelle. Car promouvoir la culture, c’est promouvoir le vivre ensemble.
L’identité culturelle, oui ! Non pas celle du repli, non pas celle de la superposition d’égoïsmes, mais bien celle qui rend à la fois fier et curieux, celle qui prend racine dans un territoire mais qui stimule la découverte respectueuse de celui de l’autre, celle qui fait du bien, celle qui donne du sens, celle qui s’ouvre sur ses voisins, directs et plus lointains.
Cela vaut à l’échelle européenne mais aussi entre nous, y compris entre Bruxellois et Wallons. Oui bien sûr, nous vivons en tant que citoyens et aussi en tant que régions des réalités bien différentes. Mais à nouveau, je nous appelle à élargir quelque peu notre champ de vision. A l’échelle des européens comme des francophones, les identités, certes plurielles, doivent être tempérées, comme le bon vin. Tempérées par les influences, les amitiés, les proximités, la convivialité. Car je suis plus que jamais convaincue, et les grammairiens me le pardonneront, qu’il est possible de concilier sans affadir le singulier et le pluriel.
Cette conjugaison-là, n’en déplaise à M. Grévisse, elle est pratiquée au jour le jour par des professeurs, des animateurs, des comédiens, des musiciens, des journalistes, des représentants de la Communauté Française Wallonie-Bruxelles à l’étranger, qui méritent notre plus grand respect et surtout notre plus grand soutien, car ces pratiques ne sont pas nécessairement « tendance ». Des acteurs culturels qui seraient plus heureux encore si nous rendions possibles de vrais accords culturels, avec tous nos voisins, y compris la Flandre.
Enfin, pourquoi l’Union Européenne, si attachée à achever le marché intérieur, ne se donnerait-elle pas les moyens de soutenir des projets culturels à forte charge identitaire et éducationnelle ajoutée ? Pourquoi pas à côté des fonds structurels pour le développement régional, des fonds « capital humain et culturel » ? Comment d’ailleurs envisager le développement régional de la Wallonie et de Bruxelles, et de toute autre région en Europe, sans faire des liens entre culture et enseignement, pauvreté, économie, développement urbain, développement territorial. Et reconnaître que la culture est le quatrième pilier du développement durable.
Financer le capital humain et culturel en Europe pourrait d’ailleurs contribuer à tordre le cou aux conceptions culturelles ou en matière d’éducation, qui font la part trop belle au seul lien économie-culture, un lien qui met aussi en danger les créateurs, les droits de propriété intellectuelle lors de l’exploitation des contenus culturels : le débat est aussi très vif au PE sur ce sujet et la bataille est engagée.
Mesdames et Messieurs, vous le voyez, le pas est vite franchi entre l’UE et la Communauté Française Wallonie-Bruxelles. Et, puisque la Communauté Française Wallonie-Bruxelles est aussi en charge du sport, je vous invite à pratiquer régulièrement cette sorte de footing. Une telle pratique permettra d’aérer les conceptions et les négociations, voire les négociateurs, qui risquent bien de devoir trouver le second souffle des coureurs de fond.
Qu’à tous les niveaux, nous continuions à défendre la culture comme l’ensemble des valeurs qui donnent aux êtres humains leur raison d’être et d’agir. Bref, promouvoir la démocratie et le vivre ensemble !
Chère Madame le co-President, bonjour.
Sans votre autorisation j’ai publié une partie de votre article sur La Turquie.
Vous allez trouver permalink de votre article sur Yerelce.
Si’l y a quelconque problem, je suis prêt à enlever de toute suite, de la page web.
Pour votre informaton, Ali Yurttagül me connait, si necessaire il peut vous donner plus ample « detailles » sur moi.
Respectueusement.
Nusret Özgül
http://yerelce.wordpress.com/2010/11/03/l%e2%80%99islam-fait-partie-de-l%e2%80%99allemagne-de-la-france-de-la-belgique-des-pays-bas-wilders-le-pen-ou-pas%e2%80%a6/
OK
Merci de votre engagement.