Mardi 29 juin
Hier soir, on ne parlait que de cela, l’arrivée du Roi. Avec une certaine déception pour ceux qui s’étaient massés par milliers le long de la route de l’aéroport vers le centre. Certains agitaient des drapeaux et applaudissaient, d’autres étaient silencieux pour marquer que leur cœur n’était pas à la fête.Fort d’une mémoire collective qu’ils ont loin d’avoir tous expérimentée, ils s’attendaient comme ce fut le cas il y a 50 ans pour le Roi Baudouin, à Albert II debout, vêtu d’un uniforme blanc, dans une voiture décapotable. Autre temps, autre histoire : pour toutes sortes de bonnes et mauvaises raisons, ils n’ont vu qu’un cortège de voitures aux vitres fumées…Et à peine ici ou là un signe de la main de la part des occupants de voiture royale.
Côté journalistes, cela jase un peu sur l’organisation de l’événement. La petite centaine de journalistes belges, tous médias confondus, n’a pas toujours trouvé à se loger à Kinshasa. Une bonne partie d’entre eux seront hébergés un peu à la dure, sur lits de camps, dans l’école belge. Hier soir, une vingtaine d’entre euxont été « oubliés » dans l’avion royal, sur le tarmac, dans lequel ils ont poireauté pendant près d’une heure. Plus de bus pour les ramener vers le centre…où il leur encore fallu faire la file pour leur accréditation…Ah cette visite royale…
J’ai aussi appris hier soir un bout d’histoire de la ville de Kinshasa et d’un de ses quartiers centraux, Matongé. Matongé, c’est le pluriel de Litongé, qui est un fruit à noyau qui poussait dans cette zone rurale et marécageuse. Pas sûr que cela soit su dans notre Matongé ixellois …
J’ai enfin pu apprécier, en me faisant raconter le contenu de la pièce « Le remaniement » unesatire politique congolaise qui a eu grand succès ici, une tranche d’humour congolais. Le thème du remaniement gouvernemental, est au Congo ce que le débat communautaire est à la Belgique, omniprésent et souvent utilisé comme caricature de la vie politique. C’est encore un point commun : le type d’humour et de dérision qu’on peut se permettre sur ses dirigeants…
« Le remaniement », c’est l’histoire de futurs, actuels et anciens ministres ou mandataires politiques, qui tracent leur avenir, élaborent des stratégies de toutes sortes pour en être, y rester, ou y arriver. Et tout est bon : le marabout, une nouvelle femme aux origines d’une province mal représentée, j’en passe et des meilleures.
Piquant à entendre au moment où Bart De Wever « remanie » sans relâche…
Aujourd’hui, rencontre à l’Unicef, puis avec « Journalistes en danger ».
Ensuite réception à l’ambassade de Belgique où se retrouveront tous ceux qui ont accompagné, photographié, filmé, scruté,la visite royale ce matin, à l’école belge, et ensuite pour le Roi sur un chantier naval et pour la Reine dans un centre de formation professionnelle. Mais aussi les belges de Kinshasa. Un peu de tout. Le Roi verra rapidement les ONG actives ici. Après pas mal de tractations, Yves Leterme signera finalement le livre de condoléances pour la famille Chebeya. Des entrepreneurs, des anciens congolais, des profs de l’école belge.
Une chorale congolaise, superbe, chante Brel, Maurane, et autres chanteurs belges et chansons françaises. On grignote saucisson, tomates crevettes, fromage belge et moutarde.
Ce soir, ce sera la soirée d’ouverture des fêtes du 30 juin, et demain le défilé militaire.