Le tsunami de 2004 a été non seulement une tragédie, mais aussi un laboratoire pour la coordination d’une aide arrivée en masse dans une zone complètement ravagée.
Les leçons ont-elles été tirées ? Les choses ont-elles été mieux organisées, plus efficaces, lors de la catastrophe du 12 janvier dernier ?
Aujourd’hui en commission du Budget du PE, on faisait le point sur l’action de l’Europe en Haïti.
24 heures après la secousse, les experts européens étaient sur place, alors que l’accès à Haïti était tout à fait problématique, tant via l’aéroport que le port, ou encore par la route de St Domingue en très mauvais état.
Dans ce genre de situation, la première réponse vient en général des autorités locales. Ici, ce fut impossible pour les raisons que l’on sait : la faiblesse de l’état et de ses représentants avant la catastrophe était déjà immense; son anéantissement dans le tremblement de terre a fait le reste. En outre, la MINUSTAH, la force des Nations Unies, a elle-même perdu plusieurs centaines de ses collaborateurs et il a été plus difficile encore qu’en temps normal de donner plus d’importance au volent humanitaire et civil de son action, plutôt que son action militaire.
S’il est vrai que la machine des USA s’est imposée rapidement sur place, et que la coordination avec elle ne se fait pas spontanément, la coordination de l’action européenne est-elle vraiment en cause ? Oui et non. Elle est en tous cas moins visible, et il est clair que l’absence de Mme Ashton le premier jour, qu’elle justifie par une demande des Nations Unies, était une erreur. Elle est aussi moins visible car elle est partagée : les vecteurs de l’action européenne, ce sont les partenaires càd les Agences des Nations Unies et les ONG humanitaires en fonction de leur spécialisation.
Mais dans les faits, et loin des caméras, le travail de coordination s’est bel et bien organisé, avec évidemment une part importante d’improvisation. Un EU Fast, une force de protection civile européenne pour le travail des premières heures et des premiers jours, serait sans doute plus facile, mais aux dires des directeurs généraux de la DG Aide humanitaire, le travail n’a pas été handicapé par le fait de ne pas disposer d’une tel instrument, car la coordination OSOC (One-Site Operations Coordination Centre) pour les premiers secours a plutôt bien fonctionné.
Ce qui a aussi été moins visible, nous ont dit les DG, c’est l’engagement fort de pays comme le Brésil, mais aussi le voisin de St Domingue, qui a permis rapidement le transit des personnes et du matériel en organisant et sécurisant la route d’accès.
Tout reste à faire, pour la suite, les soins, le logement transitoire de milliers de personnes et la reconstruction. Les annonces de toutes sortes qui ont été faites et le seront à la prochaine conférence des donateurs devra être suivi de près, car il y a parfois loin des déclarations à leur concrétisation.
Ce qui est clair, c’est que l’UE sera le tout gros bailleur de fonds de la reconstruction, malgré sa grande difficulté à se faire voir et entendre comme telle.