C’est parti pour 26 auditions des commissaires européens, jusqu’ici seulement choisis par le Président de la Commission, Mr Barroso, et qui doivent recevoir collectivement le feu vert des parlementaires.
J’ai pour ma part participé à l’interrogation du premier candidat commissaire en début de semaine, le candidat au budget, Mr Lewandowski, en parallèle de Mme Ashton, la représentante aux affaires étrangères.
L’exercice est particulier : étant choisi par Mr Barroso, lui-même disposant d’une majorité au Parlement, chacun des candidat doit ménager cette même majorité. Ils ne prendront pas (peu) de risques, répondront de façon « équilibrée » et ne dévoileront qu’assez exceptionnellement des convictions propres.
C’était le cas hier Mme Asthon, dont l’audition, sans être vraiment problématique, a été jugée peu convaincante. C’était aussi le cas pour le commissaire au Budget : techniquement très au point, donc compétent (il a été président de la commission du budget du PE dans le passé), il est resté assez vague sur des questions centrales comme le financement de la politique agricole commune dans l’avenir, le financement de l’Union elle-même (pas très clair sur les contributions futures des Etats membres). Il n’a pas non plus fait montre d’une vision forte sur les politiques budgétaires de l’Union. Il a pointé la faiblesse des ressources de l’UE, mais sans s’engager clairement sur les taxes et/ou contributions des Etats membres. Il a parlé de la nécessité d’une orientation -clé pour le budget et le financement, mais soutient le fait que la stratégie 2020 de l’Union sera « emballée » dès la fin juin.
La grande question restée sans réponse : sera-t-il un commissaire au budget, à l’image d’un ministre du Budget dans un gouvernement national (j’ai quant à moi de fameux souvenirs de la place et du poids de Johan Vande Lanotte dans le gouvernement arc-en-ciel), qui donne des impulsions et des directions, ou celui qui suit et exécute ce qui découle du consensus entre 27 commissaires… A ce stade, je crains que ce soit la deuxième formule.
Ce matin, c’est au tour de Karle De Gucht, une personnalité plus affirmée…Il ne prendra guère plus de risques, si ce n’est sur la taxe aux frontières qui pourrait être appliquée en cas de non accord persistant à l’échelle mondiale sur les questions de CO2.
Ce lundi s’est terminé par la traditionnelle remise du prix (par Vlan et La Capitale) du prix du Bruxellois de l’année.
De belles récompenses et une certaine surprise. Commençons par là : c’est Olivier Maingain qui a été choisi dans la catégorie politique . Assez étonnant tout de même pour celui qui est l’ardent défenseur des francophones de la périphérie dont il n’est pas sûr que tous dans son parti, s’ils demandent l’élargissement de Bruxelles, souhaitent le régime fiscal bruxellois, moins avantageux (et pour cause, à côté des richesses que génère une grande ville, il faut aussi corriger par des politiques qui coûtent, les nombreuses inégalités)…
Dans la catégorie sociale, c’est le patron de l’Hotel Mozart, près de la Grand place, qui a l’a emporté, pour la générosité dont il fait preuve depuis plusieurs années en accueillant gratuitement dans son hotel par grand froid en ces mois de janvier et février, les sans abris. « Mozart lui-même a fini sans abri », a-t-il dit en conclusion des remerciements pour ce prix.
Les belles initiatives que sont le Musée Magritte et les nouvelles Galeries Anspach l’ont également emporté dans leurs catégories respectives.
Bravo aussi à tous les autres nominés et lauréats.
Les auditions se poursuivront et révéleront la très mauvaise candidate bulgare, Mme Jeleva, dont il semble bien qu’elle sera « le vilain canard » de l’équipe et se verra sans doute remplacée avant même qu’il n’y ait vote sur l’ensemble. Avec aussi l’assez bon candidat Michel Barnier. Mais aussi quelques auditions qui sans être spectaculairement mauvaises, sont assez faibles au vu des enjeux de relance économique.
La prestation du commissaire au transport, Mr Sim Kallas, fut plutôt désastreuse sur le terrain du contenu : il ne connait pas grand chose au transport, est resté on ne plus vague hormis son credo dans la libéralisation comme un bienfait indispensable…
On croise les doigts pour celle du roumain, Mr Ciolos, commissaire à l’agriculture et dont les propos et le profil donnent quelque espoir au monde agricole, et qui devrait remplacer Mme Fisher Boel. Cette dernière aura marqué la dernière commission par son obstination pour une politique agricole obéissant aux règles de marché le moins régulé possible…