La désignation du président du Conseil Européen a du faire chauffer les téléphones ces derniers jours.
Après que Tony Blair soit totalement démonétisé avec l’aide de la candidature de Mr Junckher, le premier ministre luxembourgeois, c’est au tour de notre Premier.
Herman Van Rompuy a la cote. Il aurait même un soutien quasi unanime des chefs d’état.
En attendant, et quel qu’en soit le résultat, ce processus s’apparente, comme le disait ce midi sur le plateau de Mise au point , Jean Quatremer, journaliste de Libération à la désignation d’un pape.
Après d’innombrables discussions de couloirs fort peu transparentes, on attend la fumée blanche pour la fin de la semaine. Habemus Présidentum.
Rien que cela, c’est un énorme problème : pas de débat, pas de candidat déclaré, pas de confrontation des projets pour ce poste entre les différents candidats.
Et puis, ce poste que l’on présente comme le président de l’Europe, c’ est justement tout sauf cela. C’est un poste de président de séance, de chercheur de compromis. C’est un poste qui exigera de celui qui l’exerce, s’il veut réussir, d’être plutôt en retrait ou d’accepter par moment l’arrière cuisine plutôt que la salle à manger.Malgré le choix contestable à la tête de la Commission, pour ce poste de Président du Conseil, je pense vraiment qu’ il vaut mieux un profil de type « chairman » , car le Conseil est le lieu par excellence du travail intergouvernemental (terme consacré pour qualifier le « chacun défend son bout de gras national »). La recherche du plus petit commun dénominateur plutôt que la construction d’un projet commun que l’on appelle dans le vocable européen la « méthode communautaire » (à ne pas confondre avec le communautaire belgo-belge, BHV et autres imbroglios juridico-politiques). Et ce qui fait du mal au projet européen aujourd’hui, c’est d’avoir donné trop de poids aux gouvernements. C’est bien ce que nous avons reproché au candidat Barroso avant qu’il ne soit redésigné à la Présidence de la Commission.
Ce n’est pas pour rien que nous (les Verts), nous avions demandé que l’on fasse un « paquet » avec les différentes désignations : le président de la Commission, le président du Conseil, le Haut Représentant aux affaires étrangères, les 27 commissaires. Mais le PPE et une bonne partie des socialistes en ont voulu autrement : Mr Barroso a été désigné avant tous les autres et surtout indépendamment des autres candidatures. On risque d’en faire autant pour le Président du Conseil qui pourrait l’être dès la fin de cette semaine. Et à force de procéder de la sorte, il ne faudra pas s’étonner du caractère hétéroclite, certainement très voire totalement masculin et par ailleurs peu cohérent du résultat.
Il est vrai que jongler avec les critères de nationalité, du fait que ce soit un petit ou un grand pays, de langue parlée, de couleur de parti, de genre, de conviction européenne plus ou moins forte ou affirmée (mais jamais ambitieuse, visionnaire…), l’exercice n’est pas aisé.
Et puis, égoïstement au niveau belge, si jamais HVR devait y aller, c’est non sans de très sérieuses objections qu’on verrait Yves Leterme se repointer au poste de Premier Ministre.
Alors que s’il avait un peu de lucidité et de modestie, il comprendrait que ce poste-là n’est pas fait pour lui.
C’est un costume qui, malgré ses 800.000 voix, ne lui convient pas, pas plus demain qu’hier.