Nés le 9 novembre 1989, le jour où le mur est tombé

Les manifestations du 20è anniversaire de la chute du Mur de Berlin se sont multipliées ces derniers jours : un « check point Charlie » sur la place du Luxembourg, des expositions de toutes sortes à l’intérieur du bâtiment du PE.

 

Ce matin, une belle rencontre avec  89 jeunes européens des 27 pays de l’UE, nés en novembre 1989 et qui ont aujourd’hui 20 ans.

Ici, c’est Sylva, jeune tchèque de 20 ans qui partage ses attentes.

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Ce midi, un diner en présence de l’ancien Président Vaclav Havel.

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Et cet après-midi, une séance solennelle en plénière du PE.
Vaclav Havel, un homme âgé, semblant fatigué, au ton emprunt de simplicité, est monté à la tribune pour nous adresser un discours  juste, fort

Il a appelé,  à l’égard des pays qui se sont libérés du communisme et de l’autoritarisme il n’y a que 20 ans, à la patience et la compréhension. Car toute autre alternative que cette entrée parfois lente et pas toujours lisible ou logique dans l’enceinte démocratique européenne,  pourrait être préjudiciable. Si ces états étaient restés derrière la porte, et ceux qui y resteront, risquent bien de constituer le terreau idéal pour les nationalistes et poujadistes de tous poils.

Il nous a adressé 5 remarques pour le présent et l’avenir de l’Europe

1.  L’UE ne devra jamais renoncer à témoigner de sa solidarité avec les épris de liberté, avec les peuples du monde qui vivent sous le joug de l’autoritarisme. Et Vaclav Havel de nous rappeler avec émotion ce petit déjeuner de travail auquel le Président français avait invités quelques opposants tchécoslovaques. Vu de la France, cela pouvait sembler un geste sans importance, de peu de poids, alors que ce sont parfois des gestes comme ceux-là qui mettent l’histoire en mouvement. Pour les mêmes raisons, avec ces pays, l’UE doit renoncer aux petits compromis apparemment anodins, mais qui sont susceptibles de déclencher des conséquences fatales. Car la façon autoritaire de gouverner commence toujours insidieusement, et entraîne parfois à leur insu des citoyens qui jamais n’auraient imaginé adhérer ou soutenir un tel système.

2. L’identité partagée se compose de multiples couches, de nombreuses facettes.  Le « chez soi », géographique, d’opinion, d’éthique, de proximité. L’Europe, c’est la patrie de nos patries.  Il nous faut accepter et soutenir cette communauté transnationale qui ne feront pas disparaître les états nations mais les pousseront à s’associer.
3. Le passé de l’Europe est émaillé d’exemples par lesquels l’Europe s’est donné le droit, voire le devoir, d’exporter ses valeurs, parfois avec violence.  Aujourd’hui, il s’agit que l’Europe inspire, donne l’exemple.
Contrairement au passé, l’Europe d’aujourd’hui n’est pas née d’une violence perpétrée par le plus le plus fort, mais est le produit d’une entente. On est passé des champs de bataille aux salles de conférence.

Cette coopération créative ne fonctionne que s’il y a une absolue égalité mutuelle et un maximum de franchise entre les partenaires. Les choses doivent être dites et la vérité écoutée. Quand pour une importation de gaz ou des avantages économiques, on oublie les méfaits, ce n’est pas une relation de partenariat. L’Europe n’est ni une fédération pure et simple, ni une confédération traditionnelle.

Elle peut inspirer, à la condition que délibérément, elle abandonne le profit, la croissance et la compétition à tout prix, qu’elle en finisse avec le pillage irréfléchi de la planète, pour les générations futures. Qu’elle développe l’humilité par rapport à ce qui existera après elle.

4. La souveraineté partagée européenne est trop souvent perçue comme avant tout institutionnelle, constitutionnelle. Mais le Parlement Européen ne peut être qu’un coûteux ornement. Il doit avoir plus de pouvoir.
Le Conseil européen est quant à lui une combinaison bien particulière. Dans l’avenir, il sera utile qu’il soit incarné, représenté par un seul visage humain.

5. Vue de loin, l’UE apparaît parfois comme un organe technocratique, aux discussions infinies. Il en serait autrement si elle mettait d’abord l’accent sur ses valeurs, son héritage multiple.

Merci Monsieur Havel.