On le sentait venir depuis des mois. Paul Magnette nous y préparait avant de sortir en solo la semaine dernière.
La décision de prolongation des plus anciennes centrales nucléaires belges est donc bel et bien prise, validée, assumée, banalisée par tout le gouvernement fédéral et échangée contre quelques 250 millions d’Euros pour le budget de l’Etat. Un trophée !
Merci aussi à Johan Condijts dans son Edito du Soir d’aujourd’hui qui m’a fait avaler mon café de travers ce matin.
Le voilà devenu porte parole d’un secteur qui pourtant n’a guère besoin des services d’un grand quotidien pour soigner son image (le forum nucléaire, Pierre Klees et autres ingénieurs font cela très bien). Voila donc cet éditorialiste qui y fait l’apologie d’un gouvernement et de son ministre de l’énergie qui, après l’incurie de tous ses prédeceseurs auraient enfin trouvé les chemins du dialogue – et subsidiairement de la dépendance budgétaire ! – avec les magnats du nucléaire français…à qui on confie les cléfs de la politique énergétique belge
Le fim » Le cauchemar du nucléaire » posait ce soir sur Arte les 3 problèmes principaux de l’iundustrie nucléaire : la sécurité, la démocratie, les déchets.
Après avoir mis en évidence les dérives de la contamination cachée dans la Russie des années 80 et 90, c’est à La Hague, usine de retraitement des déchets nucléaires, près de Valence en France que le projecteur se dirige.
Retraiter les déchets, est-ce les faire disparaître, les rendre inoffensifs, les recycler ?
Pas du tout. C’est une récupération. Une fois le combustible usé après production d’électricité, les quelques 1400 tonnes de ce combustible utilisé dans les centrales françaises arrivent par train à La Hague, sont déchargés par des robots, placés dans des piscines de refroidissement pour entreposage intermédiaire pendant environ 5 ans.
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, le retraitement ne fait donc pas disparaitre l’uranium mais se contente de concentrer 95% d’uranium dans des déchets ultimes, coulés dans du vert fondu et entreposé sur site (Pierrelatte). De là, on envoie ces déchets dans des installations en Russie, au fin fond de la Sibérie (on se demande bien pourquoi..) où le combustible sera enrichi. Ces matières parcourent donc 8000 km pour arriver dans une ville de 125.000 habitants fermée aux étrangers, Tomsk 7, entourée de barbelés.
Et c’est alors que l’on comprend mieux pourquoi on va si loin : après transvasement et enrichissement en uranium 235 pour en refaire du combustible, on le renvoie en France sous forme de gaz enrichi. Environ 80 % de l’uranium appauvri lui reste en Sibérie… dans cette ville innacessible de Tomsk (mais dont AREVA dira ensuite qu’elle a visité toutes les installations et qu’elles sont nickel !), dans des champs entiers de containers à ciel ouvert.
Un reportage édifiant, où les représentants d’EDF, d’AREVA, nous ont reparlé des constructeurs de cathédrales, du besoin de confiance sans lequel on ne peut écrire l’avenir…
C’est Hubert Reeves qui aura le (bon) mot de la fin en s’interrogeant sur des technologies qui nous engagent sur 200.000 ans et qui hypothèquent donc l’avenir pour plus d’un siècle, période à laquelle jamais un seul régime politique n’a survécu :
« Et si les egyptiens avaient stocké du nucléaire, voyez qui s’en occuperait aujourd’hui » !
Errare humanum est. LA poubelle de l’Europe, l’usine qui se charge de retraiter les déchets nucléaires qu’on abandonne ensuite à ciel ouvert en Russie, n’est pas sise là où on en entrepose une partie, à Pierrelatte, près de Valence. Elle est située sur La Hague, pointe nord ouest du Cotentin, lui-même partie septentrionale du département de la Manche, en Basse-Normandie. Elle se trouve donc au bord de la mer, accueillante pour les éménations, rejetées à quelques encablures seulement du rivage. La même proximité sert les mêmes intérêts de la même usine Areva dans le même secteur puisque la centrale nucléaire qui construit, avec quelques difficultés, l’EPR de la troisième génération, se trouve à Flamanville, à une quinzaine de kilomètres à vol de mouette de la commune de Beaumont-Hague qui accueille « La Hague ». Les élus ont accueilli à bras ouverts la taxe professionnelle d’Areva, en même temps que ses déchets, des écologistes s’opposant vainement au ballet de trains-poubelles en gare de Valognes. Diverses études ont bien montré que le pourcentage de cancers semble plus élevé qu’ailleurs dans cette région oubliée du progrès, malgré la proximité du port de Cherbourg. Mais, dans un secteur privé d’emplois alors qu’Areva en propose à l’année, le fatalisme paysan prévaut: « il faut bien mourir de quelque chose » = autant crever du nucléaire sur ses terres que de faim on ne sait où. Cette « anse », où Prévert repose après y avoir vécu ses dernières années, abrite des jardins parfois luxuriants et exotiques (Vauville) bénéficiant des bienfaits du gulf stream passant au large. Lorsque les bienfaits de la taxe professionnelle auront disparu avec elle, les locaux vont-ils s’interroger sur l’impact des émanations d’Areva sur la faune marine ? L’Europe et le monde s’interrogent-ils sur l’impact de telles activités sur un gulf stream dont on sait que le ralentissement dû à la récupération des eaux de la banquise contribue déjà aux dérèglements climatiques ? Au-delà: le capital d’Areva étant ouvert et déjà détenu à plus de 10% par des investisseurs étrangers + l’entreprise peinant à faire venir des ingénieurs et techniciens dans une région peu attractive, quels contrôles a-t-on sur les dangers d’infiltration et/ ou de prise de contrôle par des éléments ou puissances mal intentionnés ? Ce, à l’heure où une gigantesque partie d’échecs va se jouer pour le contrôle de la nouvelle voie maritime du pôle nord et pour les richesses qui dormaient sous la banquise. La non-ratification de Kyoto par les Etats-Unis n’est pas un hasard; tout retard est béni pour les amis de Bush qui surveillent la fonte avec impatience. Les Européens, chicanant sur des bouclages de budgets à la petite semaine, doivent être regardés avec le sourire comme de simples pions sans stratégie par un Poutine qui, de son côté, attend fermement « l’Ouest » au pôle. Sûr que, s’il en connaissait les détails, il rirait à gorge déployée des politiciens s’épuisant à faire croire à une scission d’un BHV ou à une sécession d’une partie de pays alors qu’il ne saurait en être question unilatéralement, simplement de par « la Constitution et les lois du peuple belge ». Errera humanum est ??? C.