Le grand oral de J.M. Barroso. Et après ?

16H30 ce mercredi 9 septembre.

L’hémicycle du groupe des verts est « bourré massacre » : presse, observateurs, collaborateurs étaient nombreux pour assiter à cet exercice démocratique auquel les autres groupes politiques ont renoncé en organisant l’audition du candidat Barroso à huis-clos. Incompréhensible quand on connait leur position pour la publicité des débats du conseil des ministres !

Stressé, un peu tendu, sa première intervention sera un peu défensive : « vous m’avez condamné avant même que je ne présente mon programme ». Certes, ce n’est pas tout à fait faux, mais à la nuance près qu’il a été président de la Commission pendant 5 ans et qu’au fil des dossiers, des mois et des années, le Parlement et surtout nous, les Verts, on a pu prendre la mesure de son travail, de ses renoncements face aux grands lobbys et aux grands pays (tant et si bien que l’unanimité des chefs d’état qu’il dérange si peu dans leurs revendications nationales).

Une seconde session ?

Après ces auditions, la conférence des présidents en a décidé ainsi : le vote sur le président de la commission aura lieu le 16 septembre à Strasbourg.

Le groupe libéral a beau proposer un 2 è vote pour qu’une fois désigné sous Nice, il soit obligé de se représenter une seconde fois au Parlement sous Lisbonne (une fois que les Irlandais auront voté, oui, espérons-le). Mais cela ne tient pas.

Car une fois désigné, Mr Barroso aura environ deux mois (plus ou moins le temps qu’il faut pour que le traité de Lisbonne entre en vigueur) pour rassembler ses 27 commissaires. Et alors, de deux choses l’une.

ou il n’y arrive pas, parce que les compromis sont difficiles à faire, et dans ce cas,  les règles juridiques en vigueur impliquent qu’il y ait un nouveau vote pour le Président de la commission sous le traité de Lisbonne, une fois celui-ci ratifié. C’est juridique, automatique.  Pas besoin d’une résolution pour demander un vote qui aura de toutes façons  lieu.

ou il compose sa commission avant que le traité de Lisbonne n’entre en vigueur.  Il y a fort à parier que les états membres qui l’ont tant soutenu  l’aideront à la composer et lui fourniront chacun un commissaire. Ceux-ci, si tout va bien, seront auditionnés et adoubés par le Parlement. Lisbonne entrera en vigueur fin d’année ou même début janvier,  et cela ne changera rien à la composition de la commission ou à son président. Une fois mis en place, après toutes les embûches, on voit mal que l’idée d’un nouveau vote resurgisse, avec le risque de fragiliser l’attelage.   Et ce n’est pas une résolution qui y changera quoi que ce soit. Barrroso sera en place, bien accroché, et décidé à rester.

Bref, c’est clair (enfin, j’espère que ça l’est mais je crains que non…), c’est évidemment maintenant qu’il faut décider de prendre un peu de temps, de prolonger la commission actuelle de quelques mois  et d’attendre les nouvelles règles du jeu, celle du traité de Lisbonne, pour choisir ensuite toute l’équipe.

Mais manifestement, il n’y a pas de majorité pour cela. Les grands groupes politiques sont divisés. Difficile de mettre les libéraux d’accord entre eux. Quant aux socialistes, formellement pour une partie d’entre eux, il sont contre son investiture en septembre. Mais une partie seulement.

C’est quand même assez affligeant que vu l’imbroglio juridico-institutionnel et le fait que personne n’y comprend rien, au grand bénéfice de tous ceux qui veulent une commission qui ne dérange pas trop les états membres, Mr Barroso repasse par le chat de l’aiguille pour 5 ans.

Il n’y aurait donc personne d’autre dans les 27 pays de l’UE qui ait une quelconque chance de défendre un meilleur projet, un Europe plus intégrée, une résistance aux replis nationalistes,  que Mr Barroso ?

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Pauluis dit :

Bénéfice du doute et constante de temps ?
Combien de temps accorder à un Président de la Commission pour faire ses preuves ?
Deux mandats, assurément, au vu des responsabilités qui lui incombent, n’en déplaise aux Verts Européens… qui voient cumuler incidemment les réformes agricoles sous un même mandat.
Reste à se dire que rien, en polique, n’est irréversible.

Q.P.

C’est vrai, rien n’est irréversible en politique. Et nous n’avons jamais été de ceux qui pratiquent la terre brûlée. Autrement dit, si Barroso est élu la semaine prochaine, c’est avec lui qu’il faudra travailler. Mais la cohérence, elle, est indispensable pour éviter de nourrir l’antipolitisme (européen ou à tout autre niveau).
Deux mandats nécessaires pour faire ses preuves ? Peut-être, car en effet, 5 ans passent vite au regard du processus de décision. Mais ce qui nous inquiète ici, ce n’est pas tant qu’il n’aurait pas eu le temps…C’est plutôt qu’il ne s’est pas mis dans les conditions de peser sur les Etats membres, de maintenir une position forte, une vision d’avenir. Et les Etats le lui rendent bien : leur soutien unanime (certes du bout des lèvres et sans enthousiasme) risque bien de lui faire maintenir le cap…
Quant à nous, nous irons au bout de l’exercice permettant de reporter le vote sur le tout (Mr Barroso, les commissaires, le président du conseil, le haut représentant) à « après Lisbonne ».