Une « instruction » à la place d’une circulaire.
Voilà bien quelque chose dont se fichent ceux qui occupent églises et autres lieux depuis des mois, dans la plus grande désespérance. Ce qu’ils attendaient, ce sont des actes, du concret, des réponses. Il va (on l’espère) y en avoir.
Ouf !
Ceux qui les soutiennent depuis si longtemps sont un peu plus circonspects sur le caractère temporaire de la mesure, regrettent comme nous qu’il n’y ait pas de commission indépendante permanente pour juger de la recevabilité des demandes… Mais après tant de tergiversations, on prend tout ce qui fait avancer les choses. Eux comme nous.
Avant de voir ce que donnera cette « instruction » dans la pratique, ce n’est quand même pas inutile d’essayer de comprendre pourquoi et par qui les choses se sont soudainement débloquées.
Paradoxe en effet : alors que les moindres prémices du début d’un accord se faisaient attendre depuis bientôt 2 ans sur la fameuse circulaire-critères dont s’étaient réjouis les négociateurs francophones de l’orange bleue, ce qui aurait du être fait depuis des mois devient aujourd’hui possible.
Etonnant que depuis tous ces mois, personne n’ait jamais pensé qu’il fallait chercher une autre manière de faire que de se braquer pour obtenir un début de solution, même temporaire. La situation des personnes sans papiers, leur désespoir, l’injustice criante dont ils sont victimes depuis de si longs mois le justifiaient largement.
Est-ce à dire que personne ne voulait de solution avant le scrutin régional du 7 juin ? Evidemment, personne ne voulait bouger et ce faisant, prendre le risque de perdre ou gagner électoralement.
Pourtant, une solution comme celle qui a été trouvée, à savoir pas de circulaire mais des « instructions » pour régulariser via la procédure existante, on aurait pu y penser plus tôt. Elle ne coûtait guère politiquement à ceux qui faisaient de ce dossier un épouvantail et ne rapportait pas plus à ceux qui voulaient vraiment avancer sur le sujet.
« Harro sur Turtelboom » aura été le slogan de tous ceux qui ont voulu faire croire que ce qui avait été arraché durant l’été 2007 sous la houlette de celui qui devient notre ministre des Affaires étrangères, était de l’unique ressort de la ministre en charge. Comme si un gouvernement, même aussi chaotique que celui que nous connaissons, pour ne pas dire subissons, au fédéral, fonctionnait exclusivement par l’addition du (non)travail des uns et des autres.
Comme s’il n’y avait pas chaque mercredi un kern et chaque vendredi un conseil des ministres.
Comme s’il n’y avait pas un rapport de force qui oblige à faire bouger l’un ou l’autre des partenaires quand on a la conviction qu’il faut faire avancer les choses. Ou alors, le premier (le rapport de force) est archi mauvais et la seconde (la conviction) assez piètre…
Il est vrai que la ministre elle-même s’est peu illustrée sur les matières dont elle avait la compétence. Mais on l’a laissée (ne pas) agir.
Faudra-t-il en conclure que la défaite électorale du VLD, le retour d’un certain Guy Verhofstadt à titre intérimaire au Lambermont, dans les nuits de négociation comme il les aime, a réussi à sortir de l’ornière dans laquelle boudait chacun des partenaires ? Peut-être, et c’est le comble !!!
L’échafaudage est complexe et sans doute pas sans rapport avec l’imbroglio dans lequel les partenaires fédéraux ont enfermé ce dossier : une Annemie Turtelboom qui se voit à la fois désaissie et promue, un Melchior Wathelet qui devra rendre des comptes de tous les côtés (au Premier Ministre Van Rompuy, au ministre du Budget Van Hengel qui lui a usurpé sa compétence budget, à sa Vice-Première et Présidente de parti qui pilotera à distance…
Mais pour l’heure, on veut faire le pari que cela va fonctionner, en tous cas à court terme car l’attente, si elle était politiquement stupide était surtout devenue humainement insoutenable.